Le Yi Jing, prononcé en français i ting, est un manuel chinois dont le titre peut se traduire par « Classique des changements » ou « Traité canonique des mutations » ou encore « Livre des transformations ».
Il s’agit d’un système de signes binaires qui peut être utilisé pour faire des divinations. Le Yi Jing s’appelle aussi Zhou Yi c’est-à-dire « changements de Zhou » pour la raison que son élaboration date du premier millénaire avant l’ère chrétienne, époque des Zhou.
Il occupe une place fondamentale dans l’histoire de la pensée chinoise et peut être considéré comme un traité unique en son genre dont la finalité est de décrire les états du monde et leurs évolutions. Premier des cinq classiques, il est donc considéré comme le plus ancien texte chinois.
Le Yi Jing est le fruit d’une recherche spéculative et cosmogonique élaborée, dont les articulations ont influencé durablement la pensée chinoise. Sa structure mathématique a impressionné Leibniz qui y aurait vu la première formulation de l’arithmétique binaire. De fait, partant d’une opposition/complémentarité entre les principes d’engendrement Yin et Yang (yin // réceptif // lune // femelle // passif alors que yang // créatif // soleil // mâle // actif) et subdivisant cette dualité de façon systématique (adret = côté au Soleil alors qu’ubac = côté à l’ombre ; vents favorables opposés aux nuages contraires), le Yi Jing arrive à la série des 64 figures qui peuvent interpréter toutes les transformations possibles.
« Le Yi-King ou Livre des transformations de l’archaïque magie chinoise apporte l’image la plus exemplaire de l’identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l’un dans l’autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d’ordre, d’harmonie, mais portant en elle l’idée tourbillonnaire et le principe d’antagonisme. C’est une figure de complexité. »
— Edgar Morin, La Méthode 1. La Nature de la Nature